CHANTER…

Tout le monde chante, fredonne, sifflote… Sous la douche, au volant de sa voiture, en balayant… Seul, on se prend pour la Callas ou Caruso, en présence de témoins, on se fait un peu plus discret ou carrément discret.

Certains chantent, ils chantent soir et matin, ils chantent sur leur chemin. D’autres nous chantent la ballade des gens heureux, *sing* sous la pluie ou chantent pour oublier leurs peines, pour bercer un enfant, pour pouvoir dire je t’aime, pour ne pas cesser de vivre. Et il y a les chanteurs du jeudi soir, à la salle Saint-Gervais, de 20 heures 15 à 22 heures, qui viennent respirer, ouvrir leurs poumons, s’oxygéner, se détendre, se sentir léger, partager des beaux et bons moments, s’amuser, communiquer, s’enrichir, apprendre. C’est la troupe des choristes du Choeur Théâtral d’Avully, le CTA !

Avez-vous déjà chanté dans un groupe ?

C’est une expérience différente mais passionnante. Il faut une certaine discipline, suivre la partition, se fondre dans son registre, s’accorder aux autres voix, suivre le chef, respecter les rythmes, les silences, les nuances, s’armer de patience lors des déchiffrages. Mais quel bonheur lorsque le chant est maîtrisé, que les harmonies sont en place, que la mélodie vous habite et vous donne la chair de poule. Quel plaisir de s’entendre, d’être complices, de partager.

Ceux qui font partie de la vie d’un choeur seront d’accord avec moi. Ceux qui ne l’ont pas encore fait devraient oser franchir le pas et rejoindre… le Choeur Théâtral d’Avully, par exemple !

On trouve sa trace dès 1941, 1942, dans les archives. A cette époque, il s’appelle Le Choeur Paroissial d’Avully. Ses membres sont exclusivement de confession protestante. Il ne se produit que lors des fêtes religieuses ou patriotiques. La cotisation s’élève à 0,25 francs par mois et le chef est payé 5 francs par répétition.

En 1945, le Choeur change de nom et devient Le Choeur Mixte d’Avully, mixte parce qu’il accepte en son sein des personnes d’autres confessions. Il joue des pièces de théâtre, organise des bals lors de soirées littéraires ou musicales.

En 1997, tourné résolument vers les spectacles musicaux, le choeur devient Le Choeur Théâtral d’Avully, le CTA, nom qu’il porte toujours aujourd’hui.

Pourquoi s’appelle-t-il Choeur Théâtral ?

Parce que théâtre et chants sont étroitement mêlés dans ses spectacles. Chaque pièce est écrite spécialement pour ses membres, les paroles des chansons également, chansons qui font partie de l’histoire, un peu comme dans les comédies musicales. C’est du surmesure, un vrai régal. Pour cela, le Choeur fait appel à des auteurs, des musiciens, des metteurs en scène et des techniciens *son et lumière* professionnels.

Depuis toutes ces années, le CTA a joué dans les décombres du site militaire d’Epeisses, sous le chapiteau du cirque des enfants de Confignon, à la lisière du champ de blé d’Avully, avec le Salève, les étoiles et les roulottes comme décors, dans le hangar agricole du Martinet. Les choristes figurants et comédiens ont revêtu des habits de gueux, de tziganes, de gens du cirque, de nonnes et moines, d’Italiens des années 50, portés des perruques de couleur, j’en passe et des meilleurs, la liste est longue.

Dans nos pièces, chacun est libre d’être figurant-chanteur ou acteur-chanteur. Tout le monde met la main à la pâte pour garnir la buvette, pour créer les costumes, pour aménager le lieu et ses alentours en salle de spectacle, pour construire les décors.
Les spectacles ont lieu tous les trois ans et entre eux, le CTA se produit en concert. Il chante aussi dans les EMS en décembre. Il y a toujours du pain sur la planche et la motivation des participants reste inexorablement forte et puissante.

Nous travaillons d’oreille pour la majorité, seuls quelques-uns savent le solfège. Nous avons la chance d’avoir un chef qui nous met les mélodies sur l’ordinateur pour nous permettre de travailler à la maison… si l’envie se fait sentir. Notre chef surtout est enthousiaste, positif, joyeux et patient avec cette équipe un peu folle, pas toujours disciplinée mais tellement joyeuse et partante, même pour les projets qui semblent fous au départ ! Chaque année, l’AG est un événement étonnant, atypique, véritable spectacle à elle toute seule.

Chaque année, une course surprise est organisée par deux, trois ou quatre membres de l’association, destination et activités inconnues que les participants découvrent au fil de la journée.

Nous avons aussi un ou deux week-ends de travail, deux jours consacrés à la musique, au théâtre et au traditionnel repas canadien, incontournable moment de ces journées.

Ce choeur est magique, il respire l’amitié, la complicité, l’entente, la diversité, les différences et l’harmonie pas seulement musicale mais humaine.

Nous avons de la place pour de nouvelles rencontres, *bienvenue* à qui franchira notre porte un jeudi soir.

– Véronique Moret –