La Nuit… c’est Fête (reporté)

Suite aux mesures de lutte contre le coronavirus, le spectacle est reporté au printemps 2021.

Je suis un hangar, un hangar agricole, imposant, rectangulaire, gris, banal. J’appartiens aux frères Stalder et je remplis ma mission de hangar agricole depuis de nombreuses années. J’abrite entre mes murs les engins, tracteurs, outils, machines de Charles et de Christophe. Je vis dans un cadre magique, entouré d’arbres et de champs, dans un calme que seuls le gazouillis des oiseaux et le bourdonnements des abeilles viennent doucement perturber.

Tout aurait pu continuer sans surprise, si un beau jour, en 2008, une troupe d’illuminés, chanteurs du Chœur Théâtral d’Avully, n’avait débarqué, décidés à faire de moi une scène de spectacle. Ont alors résonné dans mon antre les bruits de scies, de marteaux, de limes, de ciseaux, ont valsé les pinceaux, les bidons, les couleurs, ont défilé les tentures, les rideaux, les tissus, se sont élevées les voix des soprani, des alti, des ténors et des basses. L’aventure a eu lieu, j’étais vivant, j’accueillais une foule de spectateurs ravis, surpris et charmés. Je le dis modestement mais fièrement, j’étais finalement le clou du spectacle.

Pour mon bonheur et celui du CTA, ça a continué en 2011, 2014, 2017, tour à tour Bar pour animaux déjantés, couvent en folie, ruelle italienne et sous-sol de métro, chaque fois différent, unique, magnifique. 2020 : débarque mon équipe du Chœur Théâtral d’Avully, avec armes et bagages. Je vais vivre une nouvelle fois une aventure hors norme. Vont se répercuter entre mes tôles les rires, les fous-rires, les coups de gueule, les répliques, les chants. Au fil des répétitions, je vais voir l’esquisse, l’évolution, l’affinement, les transformations de ce qui, à la base, ne sont que mots et notes sur des feuilles. Je ne veux pas dévoiler l’histoire qui se déroulera sur mes planches ou plutôt mon goudron. Mais je sais que les habitants d’un lieu insolite, serein, joyeux et peu banal seront confrontés à la dureté et au manque de compassion de gens sans scrupules prêts à tout pour se faire de l’argent. Comment trouver la solution pour que reste idyllique et magique ce qui l’était avant …

Me revoilà donc une fois de plus le cocon douillet du CTA, le temps de dix représentations: les 5, 6, 7, 9, 12, 13, 14, 16, 19 et 20 juin, la semaine à 20 heures 30 et les dimanches à 17 heures. Jusqu’au triste dernier dimanche, où tout le monde, regret au fond du cœur et boule au ventre, viendra tout démonter et repartira, le cœur plein de souvenirs, mais la vue tournée déjà vers le prochain projet, me laissant à ma solitude.

Le cœur douloureux, je les laisserai me rendre mon statut de hangar agricole, rectangulaire, gris, banal, mais le toit, ou la tête, plein d’instants exceptionnels, d’émotions et d’espoir. J’attends. Qui sait, dans trois ans …

Rendez-vous au printemps 2021 !